UnAutreLapin

Certains jours, je me sens perdu. Pas de cette absence de repères qui est né d’un inconnu rassurant, recherché. Non.

Plus perdu.

Comme mis en dehors de lieux et des moments de bien être. Comme soumis, impuissant, à un rejet tel que seule une personne avec le sourire et une candeur sans fond peuvent faire preuve. Comme laissé nu au milieu d’une foule mal intentionnée, sans savoir « pourquoi ».

Sans savoir pourquoi une situation invraisemblable, qui peut dégénérer en une fraction de seconde, est vue comme un bonheur « mignon », alors que l’expression d’une attention était vue il y a peu comme une atteinte à la personne.

Est ce que embrasser toute personne nous rendant un sourire, et leur offrir de sa personne, en mélangeant les êtres, est un amour mignon? Est ce que au contraire se restreindre en voyant très clairement tout le mal qu’une situation peu générer malgré quelques minutes de bonheur, pour tout respectable que ce soit, est une atteinte à sa propre liberté et à sa joie? Est ce que porter de l’attention à autrui pour l’empêcher de couler malgré sa soif de néant est répondre à un appel au secours? Est ce que porter attention à quelqu’un qui au contraire se lance avec joie sur une voie pleine de péril et exprimer ce péril est une insulte?

Les hommes aux yeux sombres ne sont pas tous des loups monstrueux.

Les chaperons rouges, les cheveux pleins de foin et du sucre plein la bouche, ne sont pas tous innocents.

Les grands-mères qui s’écartent du monde pour s’endormir sur leur rêve ne sont pas forcément des puits de gentillesse.

Les chasseurs au grand sourire qui écartent les loups à coup de hache sont-ils des enfants de chœur?

Pas Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiix ^^

(travail en cours… pour se détendre entre deux giclées d’encre)

Aujourd’hui… J’ai envie de vous dire un truc. Juste un petit truc…
Chttt…

Allez, dans l’oreille…

J’ai fini un projet de dessin. Ca permet d’évacuer un peu la morosité de l’hiver et tout ce que ça implique en étant un peu content. Et j’ai envie de partager ça ^^.

Etape Zero – le mail

En gros voilà. J’ai reçu il y a peu un mail via DeviantArt. Mon site préféré de dessin, illustrations, photos, tout ça. Une jeune femme me demande de faire un portrait. Il y a plein de raisons à ça. Des raisons personnelles de son côté et… et le choix qu’elle a fait de m’aborder.
Après un rapide échange dans une langue qu’on maitrise bien entendu tous les deux parfaitement bien, je reçois 7 clichés.
Pour résumer :
– 3 mises en scène entre deux femmes
– 2 portraits de l’une
– 2 portraits de l’autre

Et là…
Ben le travail commence dans la tête :
– quelle mise en scène je choisi?
– quel médium?
– est ce que je me permet d’interpréter des bouts?
– mais c’est quoi ce grain de photo de m–?

Pour simplifier, j’ai choisi ça et ça

Mon choix est basé sur le fait que j’aime la 1ere photo, qu’il s’en dégage une ambiance sympa et sensuelle, et que nous avons droit à un regard et un sourire assez sympa.
Le médium sera du crayon. En fait, j’ai pas mal joué avec dernièrement, donc l’entrainement aidant, j’ai un trait assez sûr. Envie simplement d’un détail de couleur. Pas de crayon de couleur, juste une touche d’aquarelle pourrait être sympa. On verra vers la fin.

Étape 1 – Les lignes de forces et les bases

On a ici deux personnages situés à même hauteur, avec un trois quart haut et un joli profil. Cool, de quoi s’amuser ^^
Là, je pose mes lignes, en essayant de pas trop foirer les proportions. Petit jeu avec les positionnements : pas besoin de mesurer, je fais ça à l’esthétique. Une seule obligation : rigueur des proportions!! Et pour ça, je me refuse à jouer de la mesure, je préfère de bons bonhomme patate et des règles d’anatomie. C’est un choix.

On place les 1eres ombres trèèèèèèès doucement. Ca, c’est juste pour l’ambiance.

Au final :

Étape 2 – Visage 1

Le but de cette étape : faire que je reconnais mon personnage.
Et là, du très classique : attirer le regard vers le centre, les yeux. Faut mettre le paquet, que ce soit le même, que ça claque, que les contrastes soient poussés, que des traits infimes ne soient pas oubliés, même si ils doivent juste être esquissés. Ici, faut se déchirer!! (le reste permettra de paresser ^^)
Bien entendu, le reste du visage s’affine autour, en ombres légères et croisées.
Cet ombrage est important : je dois garder la luminosité de la peau, mais pas rendre un effet masque.

Juste comme ça, c’est aussi pour ça que j’adore un papier à grain : je joue sur le grain pour apposer des couches successives de carbone, tout en orientant dès cette étape mon éclairage. Ca a l’air technique, mais c’est juste du gribouillis avec une main légère sur la tranche de la mine de critérium, et toujours orienté du même sens (ici: diagonale droite, je suis droitier et ma lumière est en haut à droite)

Étape 3 – Visage 2

J’ai choisi de traiter les deux portraits séparément pour des histoires de lumière. Le second est plus sombre. Donc, je peux insister un peu plus dessus, tout en le laissant plus léger. Toujours plus de légèreté, pour garder le regard centré vers le point le plus précis.
Contrairement à pas mal de profils que j’ai réalisé, on n’est pas ici sur du trait, mais quasiment que de l’ombre. En plus, les traits sont un peu plus âgés, mais sans rides particulières. ma méthode habituelle de pré-traçage laisserait des marques. Dommage. Le choix se porte donc vers une correction grâce à l’informatique.
Et oui, j’ai la chance (ou la paresse) d’avoir un ordi. En gros, je joue à la projection : avec un photoshop-like, je place mon dessin en transparence sur la photo, et on compare. Le crayon corrige « en direct » les défauts du dessin (position de lèvre, forme de crane, mèche, regard, etc). Et là, tout en ombre… Le jeu est en plus de limiter les seules zones franchement tracées au regard.
Ben.. c’est pas si simple que ça.

Après, envoi à ma commanditaire pour avis

Étape 4 – Correction de trait, assombrissement et habillage

La réponse arrive.
Le piercing est de l’autre côté, elle trouve son visage trop sombre et… c’est tout!
Ouais!!
Je me réjouis, parce que mon piercing est effaçable, et son emplacement sera caché par le muscle situé au bord des lèvres. Ensuite, si le visage est sombre, c’est que c’est actuellement la seule zone foncée de mon papier quasiment. Et j’ai entre autre deux masse très sombres qui vont être mises en valeur (gilet+ bracelet et chevelure), qui seront ensuite auréolées par les manches des deux demoiselles. Donc… Pas de soucis nécessitant de tout refaire!!

Donc, je continue dans le sens que j’ai choisi.
Masses à noircir, habits…
Pour le détail, les plis sont justes esquissés. De même, les contours sont légers, non écrasés, ils passent au dessus du grain de papier sans le marquer. Au final, l’effet est un espèce de flouté que je recherche.
Les bijoux, pour donner un effet de lumière, c’est le contraire : trait de bourrin, écrasé, qui marque simplement le reflet. Il ne doit exister aucune ombre, juste le papier (blanc) et le reflet (noir). Pour compenser l’effet de contraste visuel et ne pas attirer le regard vers cette zone plus que vers les yeux, le crayonné est extrêmement grossier. Traduction? Si je zoom, bravo à celui qui devine que j’ai dessiné une bague ^^.

Etape 5 – Finition

A partir de ce moment, je cherche à refermer mes noirs : on écrase le grain jusqu’à recouvrir tout le papier. Comme quand on est gamin : faut croiser, faire des traits fins et serrés, ne pas dépasser du bord, être régulier…
Correction du piercing : je perdais un reflet bas, on croyais plus à un point de beauté ou une tache d’encre. Soit : un coup de gomme mie de pain, une rehausse du reflet haut par l’ombre attenante, et c’est fini.
Deux trois mèches de cheveux, des boutons, un plis par ci par là, une ombre de bouche, un retracé complet du regard. Ensuite, une décision difficile, s’arrêter. Et oui. Poser le crayon et se dire que l’effet voulu est pas trop loupé.

Et… Ma couleur!!
Bien sûr que je ne l’ai pas oubliée.
Pinceau moyen (je dois avouer, un machin de grosse taille une Basecoat brush de Games Workshop était à porté de main. Et c’est pas du tout fait pour ^^).
Palette, flotte, chiffon. Un mélange de vert cassé par un peu de brun et de bleu pour la base. Une ponte de bleu outremer vers le haut, un ocre vers le bas. absorption stoppée avant la fin. Le 2nd regard au mélange de mon bleu et de mon vert. Une trace de vert pour le pendentif.
Et tant que j’ai le pinceau à la main, une pointe d’acrylique, blanc pur, sur les lumières des yeux et des bijoux.

Conclusion

Etape 0 : un bout de nuit avant dodo
Etape 1 à 3 : un soir complet jusqu’à tard (en gros 7h de travail pas trop intensif, faut pas pousser)
Inter étape : un gros WE complet + 1j, juste pour changer de regard sur le dessin et faire de l’escrime
Etape 4 à 5 : un petit soir (2h30 gros max).

Et… fini pour ma 1ere commission rémunérée!!
Maintenant Bonne nuit!

ArteLiveWeb

http://download.liveweb.arte.tv/o21/liveweb/flash/player.swf?appContext=liveweb&eventId=2357&mode=prod&priority=one&embed=true

A l’origine, ceci est une illustration du joli texte
http://www.brouillondecriture.com/viewtopic.php?f=3&t=22435

Poème à 5 voix et 10 mains
C., poulix, Myan, unautrelapin, Ze poete

La nuit se lève

Il fait jaune sur la Seine
En reflet éclatés
Le rouge de Paris vilipende la grandeur de ce qui fut
Les mouches bleues naviguent
Souffle le dragon des mots

Il fait noir sur Paris
La clameur d’un peuple boit l’illusion de Liberté.
Non !
L’illusion ne meurt pas
Car elle n’existe pas
Elle se fond dans le ventre du monstre
La foule.

Il fait clair au-delà
Grand grand grand le fleuve
Prêt à s’emnoyer
Hurle un poète fou, une bouteille à la main
Et ses mots se perdent dans la rue
Encrassée de la couleur des néons

Il fait nuit autrefois
Les souvenirs amers c’est demain
Les utopies que l’on croyait saisissables
Des fées vertes en folie
Hurlent contre le ciel
Comme leurs petits doigts ne peuvent atteindre
Un firmament anisé.

Il fera jour demain.

Puisque c’est comme ça, je me défonce sur du visuel, na!!

Ça, c’est quand une enveloppe bourrée à craquer de factures de plomberie me tombe sous la main.
Ouais, ça gribouille dur ^^

Et ceci est sensé être une sorcière du Chaos, de la gamme Freebooter. Ce bout de métal de 2.5cm e haut m’a bien occupé ce WE ^^ (entre autre 😀 )

Crayon puis pinceau
Sous les doigts des déclameurs
Ses mots m’ (é) motivent

Museau rouge soleil
J’ai gribouillé des vers durs
Ou courts comme avril

Plus c’est court Durcet, et plus durs sont ses cours.

Ca me trotte dans la tête
En pas chassés, par galipettes…

Et si en claquant des doigts le temps s’arrêtait ?
Sauf bien sûr, pour toi. Pour moi.
Et si…

Et si c’était maintenant.

Un écran bloqué sur un pixel unique
La silice qui ne transmet plus ces mots, chaque électro arrêté
Dehors, nuit noire.
Les gens sont bloqués dans leurs mouvements.
Moi, pieds nus, qui panique.
Plus de vie ?
Bien sûr que si. Leurs corps sont bizarrement chauds.
C’est illogique.
Je marche.
Quand cela va-t-il s’arrêter ? Oui, quand…
Je souris
Pourquoi « quand ? », alors que le temps semble absent ce soir ?
Je pique une bière en passant.

La rue est belle de silence.
Les piétons sont beaux de présence absente.
Sourire.
Non, je chasse de mon esprit toute idée perverse.

Je rentre chez moi, mets un manteau.
En bas, les pavés sont les mêmes, infoulés.
Pris d’une faim subite, je parcours mes lieux préférés.
Un sushi par ci
Une bouchée campagnarde par là
En dessert, une pâtisserie sur laquelle je n’aurait jamais osé posé les yeux
Encore moins les doigts.
Baiser sur la joue de la vendeuse.
Non, j’ai dit pas d’idée perverse !

Grande inspiration.
Rien à perdre.

Tous les moyens de communication sont coupés.
Pas de mails
Pas de téléphone
Pas d’interlocuteur
Je ne pourrais même pas faire des signaux de fumée, aucun briquet ne fonctionne

Des chaussures, chaussettes chaudes.
Un manteau pour seul vêtement.
La route me fournira le reste.
Je suis les étoiles. Cette nuit elles ne bougeront pas.
La terre reste à sa place.
Et moi je veux voyager, retrouver l’une d’elles, une de celles qui sont tombées ici.
Du moins pas loin

Je n’ai même pas réfléchi, en fait. Je m’apprête à parcourir quelques centaines de kilomètres, de nuit. Sans rien, sans un sous. Ma carte de crédit ne marchera jamais par ce manque de temps.
Je souris.
Et alors…
Je n’avais jamais volé avant ce soir.
Là, je vole pour mes besoins. Et en plus je peux choisir.
Si je veux un pull, j’en trouverai un, caché dans une armoire, au fond d’une pièce obscure. Je m’en fous de son aspect

Ce soir, je m’en fous de tout.
Tant que je vais vers l’Ouest.
Un pas après l’autre. J’ai chaud. Je sue de trop marcher.
Je n’ai pas l’habitude. Les premières dizaines de bornes sont drôles. Mais la fatigue se ressent.

Je pourrais dormir partout. Dans le coin d’un fossé. Sur le lit d’un mourant ou entre deux amants. Je pourrais me mettre nu devant n’importe qui.
Bizarrement, j’ai choisi un hôtel. Pudeur et conformisme. Le lendemain une chambre d’enfant dans un corps de ferme douillet. Elle est abandonnée depuis tellement de temps que j’en ai éternué. J’ai failli prendre une autre pièce, mais je ne peux pas vivre mon intimité face à des statues de chair.
Même si la blague de prendre un banquier pour porte manteau m’a bien tenté…
Même si je me suis bien amusé à rentrer dans un sex shop plein de regards fuyants et figés.
Même si visiter les cabines d’essayage d’un magasin de lingerie me tente bien.
Même si les vestiaires des salles d’aérobic sont bien tentants.

Et non…

Je marche.
Vers l’ouest.
Si le temps s’est arrêté, c’est qu’il y a une raison

Je marche entre des voitures stoppées dans leur course.
Je marche en doublant des sprinters en tenues colorées
Je marche plus vite que cet avion, là haut. Je l’ai doublé il y a une heure, une… le temps de quelques milliers des battements de mon cœur.
Je marche, et me nourris de découvertes. Les sandwichs sont meilleurs dans les bleds paumés

La ville réapparait.
Mon cœur bat plus vite que pendant ces journ… ces longs moments sans aurores.
Le soleil me manque.
Mais plus encore, je veux courir vers l’est
Là bas, au détour d’une rue

J’aperçois le portail.
Angoisse
Et si toi aussi tu étais figée, dans une pause d’éternité ?
Non, je ne crois pas
En absence de temps, nous y gagnons le notre. J’ai tout mon temps, le tiens. En dehors de la foule.
Je peux te donner le monde, en l’état où il est. Nous visiterons des lieux où le soleil brille, sans fin, en un lever flamboyant.
Nous passerons des jou… le temps qu’il nous plaira, là où l’éclair vert existe, illuminant l’horizon le soir.
Nous…

Un mouvement.
Un chat passe et miaule.

Qu’importe, je suis arrivé.

Je t’